Le Gévaudan dans la tourmente de la Guerre de Cent Ans.
- Le Gabale
- 25 août 2022
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Dernière mise à jour : 27 juil. 2023

Ce conflit entrecoupé de trêves plus ou moins longues, va opposer de 1337 à 1453 la dynastie des Plantagenêts à celle des Valois, et à travers elles le royaume d’Angleterre et celui de France. Cette interminable lutte commence avec le premier roi valois Philippe VI qui ne put contenir l’invasion de la France par Edouard III. Il perdit Crécy en 1346, Calais en 1347.
Un pays en proie aux mercenaires des Anglais.
Cette guerre se déroule alors bien loin du pays gabale. Pourtant en 1342, le roi décide de fortifier Marvejols et en 1351, le Gévaudan se met de son mieux en état de défense. On répare de partout les remparts : Mende, les châteaux du Tournel, de Chapieu, de Montmirat, à Chirac, à la Canourgue. A Marvejols, on creuse de grands fossés le long des murs du château. Le Prince Noir, débarqué à Bordeaux en 1355, se jette sur la province du Languedoc et la pille impunément.
Le traité de Brétigny en 1360, cède aux Anglais, la valeur de 17 départements dont le Poitou et le Rouergue. Malgré tout, le comté ne fut pas au nombre des provinces cédées à l’Angleterre. Mais les voilà à quelques lieues de Marvejols. Licenciés après Brétigny, les mercenaires à la solde des Anglais ne quittent pas le pays et continuent la guerre à leur compte. Venus du Brabant, d’Allemagne ou de Gascogne, ces « routiers » s’installent en Auvergne, dans le Velay et le Gévaudan. Bien organisés, ils prennent les châteaux, s’y installent et pillent les alentours consciencieusement, tout en menant grand train. Trois mois après Brétigny, les voilà maîtres de Marvejols, où ils massacrent et rançonnent la population. Une première fois on réussit à les éloigner moyennant une somme de 6000 francs d’or accordée par les Etats du pays, mais ils reviennent bientôt à la charge et s’emparent de Châteauneuf de Randon, de Balsièges, d’Aumont, de Chirac, de Nasbinals, de Grèzes et de Monrodat. En 1361, Guérin d’Archer est nommé gouverneur général du Gévaudan et du Velay par le roi afin de rétablir l’ordre. Les Guérin père et fils massacrent à leur tour ou mettent en fuite ces routiers. De là, viennent ces nombreux cimetières d’anglais que l’on peut lire encore aujourd’hui sur les cartes.
Du Guesclin entre en scène.
Charles V, à son tour, va créer une armée permanente, équipée d’une artillerie de siège et d’excellents tireurs à l’arc. Il en confie le commandement à son connétable breton, Bertrand du Guesclin. De 1371 à 1373, il va reconquérir les lambeaux de France perdus. Si les Anglais demandent alors une trêve, les bandes continuent d’errer à travers le pays et de tout mettre à sac. Pour bouter l’ennemi, Charles V missionne le connétable Bertrand du Guesclin, natif de Bretagne pour régler son compte à l’occupant. Marvejols leur résiste encore : les habitants commandés par Olivier de Mauny, un des lieutenants de Du Guesclin, les repoussent vigoureusement. Près de Chirac, on trouve d’ailleurs un lieu encore appelé le cimetière des anglais. A la même époque, les anglais ayant attaqué Saint-Chély d’Apcher sont repoussés après un combat sanglant : une petite croix de pierre s’élève encore à l’endroit où se livre le combat : on l’appelle Croix des Anglais.
Le siège de Châteauneuf-de-Randon.

Du Guesclin arrive fin juin 1380 au pied de la forteresse de Châteauneuf de Randon dont les Anglais ont pris possession. Avec l’aide des populations du Gévaudan et du Velay, il installe son camp au pied de la colline, dans le lieu-dit de l’Habitarelle et le siège durera 2 semaines. La forteresse en forme de losange n’est pas aisée à prendre. On ignore combien d’hommes, Anglais ou routiers, y étaient en-fermés. Après une assez vive résistance, le capitaine anglais consent à rendre la forteresse si, dans un délai de 15 jours, il ne reçoit pas de secours. Mais dans l’intervalle, Bertrand du Guesclin meurt. Alors que certains le disaient déjà soufrant au commencement du siège, d’autres affirment que ce dernier est tombé rapidement malade après avoir bu, en sueur, de l’eau trop fraîche. La fontaine incriminée serait celle du pré de la Glauze, près du hameau d’Albuges, à deux kilomètres à vol d’oiseau à l’ouest de Châteauneuf… Les anglais, ayant appris la mort du connétable, refusent dans un premier temps, de rendre la place à l’expiration de l’armistice. Mais le maréchal Louis de Sancerre les menace aussitôt de mettre à mort des otages, et les routiers an-glais se retrouvent obligés de déposer les clés de la ville sur le cercueil de l’illustre capitaine. Les assaillants anglais ne seront toutefois qu’entièrement chassés du comté vers 1387.
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